SIAO Paris

Coordinatrice au 115, « Tout est dans le lien »

Maryse Ramambason a rejoint le SIAO Paris en tant qu’écoutante sociale avant de devenir coordinatrice du travail social. Interview d’une femme engagée dont le métier est créateur de lien.

Comment êtes-vous arrivée au Samusocial de Paris ?

Mon arrivée au Samusocial de Paris est le produit d'une reconversion professionnelle. J’ai travaillé pendant une quinzaine d'années en tant que professeur des universités en sociologie politique. Ensuite, j’ai exercé comme directrice de cabinet auprès d’un maire du Val-de-Marne (94). Puis, j’ai repris des études de psychologie, pour devenir psychologue en prison.

En parallèle, j’ai postulé en tant qu’écoutante sociale au 115 pour venir en aide aux plus démuni.es et mesurer mes capacités d’écoute. Ces 18 mois en tant qu’écoutante sociale, un poste difficile mais particulièrement enrichissant, m’ont permis de voir que je ne m'étais pas trompée et que j’étais capable de prendre l’histoire des usager.es de plein fouet. Même si je reste touchée, indignée, j’ai toujours l'envie de faire quelque chose et c’est possible !  

Aujourd’hui, vous occupez désormais un nouveau poste au SIAO. Lequel ?

Depuis février 2023, j’occupe le poste de coordinatrice du travail social. Ma mission centrale est de faire en sorte que toutes les personnes qui appellent le 115 aient un raccordement social. J’assure la mise en lien avec une structure extérieure en fonction de la situation familiale qui m'est soumise. Je suis là pour ceux qui ne sont pas en relation avec un travailleur social, ceux pour qui il n'y a pas de demande SIAO : tant que ce travail de lien n'existe pas, leur chance de sortir de la rue est quasiment nulle. Il existe des situations très préoccupantes remontées par les écoutant.es qui méritent une attention et un suivi particuliers : le coordinateur du travail social est là pour ça. En tant qu’écoutante sociale, je devais faire avec le manque de places, aujourd’hui en tant que coordinatrice, je dois faire face au manque de travailleurs sociaux. Je mobilise tous les leviers possibles.

Quel regard portez-vous sur les partenaires ?

Je me rends compte aujourd’hui qu'on s'occupe tous du même public, avec la même finalité, la sortie de rue, et les mêmes conditions de travail difficiles. Être en lien avec les partenaires modifie le regard. Une situation qui échappe à un.e écoutant.e, peut aussi échapper à un.e partenaire par manque de temps. 

Un message à faire passer à l’ensemble des acteurs de la veille sociale ?

Tout est dans le lien ! C'est une relation à construire en permanence du fait du turnover qui existe au sein des équipes qui travaillent dans le secteur social. Tant que l’usager.e n'aura pas son logement, nous sommes tous partenaires. Ce lien-là, aujourd'hui, n'existe pas de manière pérenne et solide car chacun pense de son côté. Ainsi, l'ARS va considérer cet.te usager.e comme un individu médicalisé, le CHU comme un individu précarisé, nous, comme un individu sans logement à la rue… mais il s’agit de la même personne ! Alors construisons ensemble, créons cette cohésion, réalisons ce travail à l'unisson, ce socle commun pour venir en aide aux usager.es.