Historique du dispositif
En 2023, en amont des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, le SIAO a participé à la coordination des maraudes et au recueil des diagnostics lors des test events, en lien avec les associations et les institutions.
Parmi les personnes rencontrées, beaucoup étaient en situation de grande marginalité : un public très éloigné des dispositifs, souvent sans demande active et confronté à de multiples vulnérabilités (addictions, problématiques de santé mentale ou encore isolement).
Le diagnostic a permis de reprendre contact avec certaines de ces personnes : 17,5 % d’entre elles avaient déjà une demande d’insertion enregistrée auprès du SIAO, sans lien récent avec les structures.
Les professionnel·les du SIAO et de la veille sociale ont mis en avant des difficultés d'orientations, suivies de préconisations, liées à la typologie du parc d'hébergement et de logement et aux modalités d'accueil et d'intégration. La DRIHL et le préfet de région se sont saisis de ces travaux et ont décidé la création de 230 places dites “ grands marginaux,” déclenchant ainsi un travail innovant auprès de ce public.
Repenser un accompagnement spécifique et innovant pour correspondre au mieux aux besoins des grands marginaux
Les personnes en grande marginalité rencontrent souvent des difficultés liées à l’addiction, à la santé mentale ou à l’isolement. Pour mieux y répondre, un accompagnement médico-social renforcé a été mis en place, en s’appuyant sur une approche souple et individualisée.
Le dispositif dédié a été pensé pour être flexible, rapide et pérenne :
- Modalités d’orientation assouplies
- Visite des lieux d’hébergement proposée en amont
- Délai de réflexion laissé aux personnes avant leur entrée
- Chambres individuelles, binômes de vie, places "maître-animal", toutes situées à Paris
Résultat : en moyenne, 7 jours entre la proposition de place et l’intégration effective.
Pour Meïssa Rbiz, chargée de mission veille sociale qui a coordonné la régulation de ces places pendant la période des JOP, “la grande complexité de ce dispositif était de trouver des places adaptées au public en situation de grande marginalité, très spécifique”.
Pour Sonia Candini, cheffe de service du CHU Faubourg Saint Denis d’Emmaüs Solidarité qui dispose de 15 places dédiées aux grands marginaux, l’innovation de ce dispositif passe par “une structure qui s’adapte au public, et pas l’inverse”. En laissant plus de souplesse dans les modalités d’accueil “on crée un climat de confiance, avec un accueil non contraignant pour respecter les choix et les temporalités des personnes. Elles ont vécu dans la rue très longtemps, et pour certaines n’ont jamais bénéficié d’hébergement, il y a donc un travail à mener autour du savoir habiter, qui exige un accompagnement spécifique et une posture souple, respectueuse et patiente !”. Cela rejoint sa vision “d’un accompagnement souple et humaniste”, le dispositif dédié au public en situation de grande marginalité mettant l’accent sur “un accompagnement basé sur l’écoute active et la co-construction pour redonner du pouvoir d’agir aux personnes accompagnées et permettre une stabilisation progressive”.
De l’avis des partenaires du SIAO, les articulations étroites et constantes entre l’hébergement et les acteurs de la veille sociale, en lien avec la CAVS et le pôle habitat, ont permis la réussite du dispositif. Les échanges réguliers sur les suivis de parcours ont permis d’orienter au mieux les publics et de permettre une transparence de l’accompagnement proposé.
L’avenir du dispositif
11 sorties positives ont déjà eu lieux, vers des résidences sociales, en pension de famille ou autre.
Ce dispositif pose les bases d’une nouvelle manière d’agir : plus souple, plus humaine, plus adaptée.
L’enjeu à venir sera de :
- Mieux définir la grande marginalité,
- Adapter les places d’hébergement à ces réalités,
- Renforcer les liens entre prescripteurs et structures.
Le SIAO continuera de rechercher l’adaptation de l’offre plus globale aux personnes ayant connu la grande marginalité et de faire remonter et alerter les besoins de ce public.
Les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris ont offert un terrain d’innovation sociale en matière d’accompagnement et de sortie de rue des plus vulnérables. Grâce à la mobilisation exceptionnelle des équipes de la veille sociale parisienne, le dispositif dédié aux personnes en situation de grande marginalité a été déployé, inscrivant ainsi cette initiative dans l’héritage positif de l’événement. Sur le terrain, les équipes ont su faire preuve d’adaptabilité et d’innovation pour évaluer les besoins, orienter efficacement les publics concernés et leur offrir un accompagnement sur mesure. Ce dispositif illustre la force d’une réponse concertée, flexible et ajustée aux réalités du terrain, permettant d’obtenir des résultats concrets et durables pour les publics les plus ancrés en rue. La pérennisation de ces places représente une avancée majeure dans la prise en charge de ces publics et témoigne de l’importance de poursuivre les efforts pour améliorer et adapter en continu les dispositifs d’accueil et d’accompagnement.